Le surpoids et l’obésité sont des problèmes complexes, rendant leur traitement difficile et généralement frustrant tant pour les patients que pour les soignants, en raison d’un haut risque de rechute.
En effet, les régimes seuls sont le plus souvent insuffisants pour obtenir une perte de poids durable ; de même les médicaments, peu nombreux, ne sont que des appoints à un traitement de fond plus global.
Ces problèmes de poids nécessitent ainsi une prise en charge multidisciplinaire, au long cours, associant une approche cognitivo-comportementale à des enseignements diététiques et de l’activité physique pour éviter la reprise pondérale.
L’équipe du CSOS, réunissant une psychologue clinicienne, une diététicienne diplômée d’état, un éducateur sportif et une coordinatrice chargée des entretiens motivationnels, a mis en place, depuis quelques années, le programme « O.P.S. » Objectif Poids Santé qui propose à
ses patients une approche globale permettant ainsi d’obtenir un taux de succès proche des 90% à un an post cure.
Une étude publiée dans une revue médicale suisse dévoile ses résultats sur l’utilité d’une telle approche sur deux ans dont les résultats préliminaires montrent également une stabilité pondérale dans le temps.
Voici le Résumé de cette étude :
Un nouveau programme d’éducation thérapeutique pour les patients obèses
(Stéphanie Gaillard, Vincent Barthassat, Zoltan Pataky, Alain Golay Rev Med Suisse 2011; volume 7.695-699)
« Dans un souci d’évolution constante pour s’adapter au mieux aux besoins des patients souffrant de surpoids ou d’obésité , nous avons instauré depuis 2004 un programme mixte, hospitalier et ambulatoire de prise en charge de l’obésité, associant une approche individuelle
et en groupe sur deux ans. Ce programme consiste en quatre journées consécutives pendant lesquelles sont abordés, lors d’ateliers d’introduction, les quatre axes thérapeutiques de l’obésité, à savoir :
- l’aspect médical ou «La gestion de la balance»,
- l’aspect diététique ou «Quelle est la meilleure façon de manger pour maigrir durablement
?» ; - l’aspect psychologique ou «Comment je comprends mon fonctionnement ?»
- l’activité physique ou «Pourquoi bouger ?».
En plus de ces ateliers, les patients bénéficient de trois entretiens individuels avec leur soignant-référent, explorant leur motivation, leurs ressources et leurs difficultés, et les préparant au changement.
Enfin, s’ajoutent des groupes de partage animés par une psychologue avec une approche cognitivo-comportementale, notamment sur le vécu de leur obésité : «Comment je vis avec mon poids ?» ; «Comment je m’explique ma prise de poids aujourd’hui à la lumière de ces trois jours ?» ; «Un point que j’emporte avec moi…» et une séance de thérapie par le mouvement.
Figure 1.
Evolution du poids à un an chez 95 patients suivant le programme multidisciplinaire de perte de poids
Figure 2.
Evolution des troubles du comportement alimentaire chez 95 patients obèses après un an de suivi dans le cadre du programme d’éducation thérapeutique multidisciplinaire A noter une diminution significative des compulsions alimentaires, de l’hyperphagie aux repas, de la restriction cognitive et des grignotages
Figure 3.
Evaluation de sept dimensions à prendre en compte lors de la prise en charge de l’obésité (Adaptée de réf.11).En rouge, la moyenne sur 95 patients au début du programme ; en vert, les résultats à un an. A noter une amélioration significative
Tableau 1.
Paramètres anthropobiologiques de 95 patients à l’entrée du programme d’éducation thérapeutique multidisciplinaire et après un an
Ns : non significatif.
CONCLUSION
Les résultats obtenus dans notre Service d’enseignement thérapeutique des maladies chroniques corroborent ce que l’on peut trouver dans la littérature actuelle, à savoir que des thérapies combinant la diététique, l’activité physique et une approche cognitivocomportementale sont plus efficaces ensemble que chaque approche prise séparément. 4,12 De même, l’utilisation d’un traitement pharmacologique pour perdre du poids apporte de meilleurs résultats s’il est combiné à des modifications hygiéno-diététiques. Il est nécessaire de tenir compte des aspects psychosociaux des patients, de travailler avec leurs connaissances, leurs conceptions (dimension cognitive), leur vécu émotionnel (dimension émotionnelle), leurs raisonnements intimes (dimension infracognitive) et leur image ou estime de soi (dimension métacognitive).13 Ces quatre dimensions sont à explorer avec le patient pour diminuer sa résistance au changement. Un travail global multidisciplinaire est donc primordial, associé à un suivi au long cours, étant donné le caractère chronique et récidivant de cette maladie. Une telle approche a fait ses preuves avec des résultats, dans notre Service, entre 70% et 90% selon les programmes, permettant d’espérer infléchir durablement la courbe des statistiques de l’obésité.
Implications pratiques
- L’obésité est à considérer comme une maladie chronique complexe à haut risque de rechute
- Une prise en charge multidisciplinaire en éducation thérapeutique associant des techniques cognitivo-comportementales, un enseignement diététique et de l’activité physique est primordiale
- Un suivi ambulatoire à long terme est nécessaire pour maintenir la motivation et prévenir la rechute
- Le programme d’éducation thérapeutique organisé sur deux ans donne des résultats très encourageants avec un taux de succès de 90% à un an