Trop de travail, débordée avec les enfants, ancien sportif blessé : vous êtes nombreux et nombreuses à avoir été contraints d’arrêter la pratique du sport pendant plusieurs mois voire des années. Est-ce qu’on reprend rapidement et facilement le muscle perdu ? Qu’en est-il exactement de cette fameuse « mémoire musculaire » dont parlent les scientifiques ? Est-ce que ce phénomène s’applique à tout individu ou seulement aux plus athlétiques ? Il est temps de lever le voile sur cet étrange pouvoir du corps humain.
Pour rentrer dans le sujet, nous dirons que nous avons tous fait la douloureuse expérience, à un moment donné de notre vie, de porter un plâtre sur un membre brisé, et de constater, après enlèvement du plâtre que ce membre avait « fondu » musculairement.
On sait aujourd’hui, grâce à des études scientifiques, qu’un individu peut perdre entre 20 et 40 % de sa masse musculaire.
Les causes en sont principalement : le vieillissement mais aussi l’arrêt des activités physiques. La première évidence est donc que si l’on ne sollicite pas ses muscles, ils finissent par s’atrophier. Et c’est un problème bien connu de ceux qui fréquentent les salles de musculation ou d’ anciens sportifs qui ont pratiqué une activité physique intense et de manière régulière comme le rugby, la natation, la danse etc. et qui, par la force des choses (blessures, grossesses…) ont été amenés à l’interrompre pendant quelques mois voire quelques années.
Sur un plan scientifique, on peut dire que jusqu’ à présent, aucun mécanisme n’a pu être mis en évidence au niveau du muscle lui-même mais l’hypothèse d’une mémoire de l’entraînement au niveau du syst
Dès lors qu’on apprend et pratique un mouvement physique, notre corps va créer ce que l’on appelle, en matière de kinésithérapie, des empreintes physiologiques. Ainsi chaque mouvement active les différents capteurs d’informations appelés propriocepteurs, logés dans les muscles et les tendons.
Le rôle de ces capteurs est d’informer le cerveau de la position occupée par notre corps dans l’espace et grâce à cet échange continuel d’informations, de rendre les mouvements plus automatiques et plus faciles à exécuter : voilà donc ce que l’on appelle la « mémoire musculaire ».
Des souris entraînées puis placées au repos pendant 3 mois
Cependant, cette dernière hypothèse a été remise en question par des chercheurs de l’université d’Oslo, en Norvège, car c’est Kristian GUNDERSEN et ses collègues qui ont réussi à démontrer que le muscle subit des changements permanents pendant l’effort, phénomène étudié sur des souris. Voici leur étonnant constat : lorsque le muscle travaille, le nombre de noyaux des fibres musculaires augmente au bout du 6ème jour. Passé 9 jours, on peut voir que la fibre musculaire gagne en volume de 35 % et qu’après 21 jours de travail, le nombre de noyaux a augmenté de 54 %. Le résultat de cette étude est que la duplication des noyaux cellulaires vient en premier et la masse musculaire en second.
Un muscle atrophié mais un acquis de noyaux cellulaires inchangé
Forts de cette découverte, notre équipe de chercheurs norvégiens continue l’investigation et s’intéresse au phénomène inverse : l’étude de l’atrophie musculaire. Ainsi, les souris précédemment entraînées, sont mises au repos pendant 3 mois (équivalent à 10 années humaines pour une souris !) et l’atrophie des muscles est évidemment constatée à 40 % toutefois, le nombre de noyaux cellulaires présents et acquis reste inchangé. Etonnante découverte qui a permis de contrer les thèses selon lesquelles la dénervation entraîne la mort des fibres musculaires (apoptose).
La musculation, des muscles acquis pour la vie
Au final, cette étude de Kristian GUNDERSEN montre que tous les sports qui développent la masse musculaire entraînent une augmentation du nombre de noyaux par fibres musculaires. Pour schématiser, plus il y a de noyaux, plus il y a d’ADN. Avec cet ADN, la production de protéines s’accélère, d’où le développement des muscles. Précisons bien qu’avec l’arrêt de l’entraînement, l’atrophie musculaire s’installe mais pas la diminution du nombre de noyaux par fibre. Et c’est bien ici, que se situe la fameuse « mémoire musculaire ».
Partant du principe que les fibres musculaires sont la clé de production des nouvelles protéines musculaires, notre scientifique norvégien estime qu’après un entraînement sportif continu, le potentiel de croissance du muscle reste en place pour la vie. C’est ce qui expliquerait la facilité déconcertante avec laquelle les anciens sportifs, après un arrêt de 5 ou 10 ans, regagnent leur masse musculaire.
Pour finir, on ne répétera jamais assez que le sport c’est la santé ! Cette théorie s’applique à tous types de sport mais la musculation semble la plus adaptée car en pratiquant régulièrement, il sera plus facile de « construire du muscle » à long terme, donc de rester en forme plus longtemps et ce, même si il doit y avoir de longues périodes de repos.