Échec des régimes : qui est le coupable?

Ceci va orienter différemment la recherche de traitements pour l’obésité, en constante augmentation avec le diabète et les maladies cardiovasculaires, ce qui est devenu un véritable sujet sensible de la santé publique. Après avoir observé plus de reprises pondérales qu’une stabilisation chez les personnes suivant un régime amaigrissant, des chercheurs américains ont voulu comprendre les mécanismes de ce phénomène déprimant.

Faîtes entrer l’accusé !
La ghréline est demandée à la barre !

Actuellement, les traitements chirurgicaux consistant à réduire le volume gastrique sont les seuls à donner de bons résultats sur un long terme. Par contre, on comprend mieux maintenant pourquoi l’obésité et les régimes amaigrissants ne font pas « bon ménage », puisque c’est une équipe de chercheurs de l’Université de Baltimore, aux Etats-Unis, qui a découvert l’an dernier une hormone produite par l’estomac et l’intestin, stimulant l’appétit et dénommée : ghréline. Plus récemment, David Cummings et ses collaborateurs ont même observé que les taux sanguins de cette hormone augmentaient après un régime tandis qu’ils étaient constants chez les personnes obèses ayant perdu du poids suite à un traitement chirurgical.

Ainsi, selon les chercheurs, c’est bien cette augmentation du taux de ghréline qui serait responsable de la reprise du poids en stimulant l’appétit des patients.

Elle stimule la faim et augmente le besoin de consommer les mauvais aliments !

Selon une étude américaine menée par le Dr Tony Goldstone et présentée à la conférence de l’Endocrine Society : c’est l’hormone de la faim, la ghréline qui agit dans le cerveau pour provoquer la faim et augmenter la consommation de nourriture puis intensifier le besoin d’aliments très caloriques. « Cela relance la possibilité qu’un médicament bloquant l’action de la ghréline puisse permettre de réduire les envies irrésistibles d’aliments riches en calories et ainsi aider les personnes obèses à perdre du poids » explique le Dr Goldstone. Ses résultats prouvent qu’une libération accrue de ghréline, de l’estomac vers le sang pousse une personne ayant sauté le petit-déjeuner, à se jeter sur des aliments plus caloriques que d’autres.

Voici le constat de cette étude sur des sujets adultes obèses en bonne santé (dont 13 hommes et 5 femmes) : On leur montre des images de nourriture échelonnées sur 3 matins, ces images d’aliments hypercaloriques sont le chocolat, les pâtisseries et les pizzas, par contre pour les images d’aliments hypocaloriques, on leur montre des salades, des légumes et du poisson :

– 1 fois après avoir sauté le petit-déjeuner
– 2 fois après avoir pris le petit-déjeuner

(90 mn après ce repas) une injection d’eau salée. Quant aux aliments riches tels que les desserts, ils se révélaient être plus attirants quand les sujets étaient à jeun et avaient reçu une injection de ghréline. La découverte du Dr Goldstone fut la suivante : « Les modifications des préférences que nous ressentons vis-à-vis des aliments lorsque nous sautons des repas, pourraient être expliquées par des changements dans les niveaux de ghréline, dans notre sang, qui aident à réguler notre consommation calorique générale. La ghréline imite le jeûne en faussant notre attirance pour des aliments hypercaloriques. »

Pour finaliser cette étude, le Dr Goldstone et ses collègues vont également travailler sur les images par résonance magnétique fonctionnelle de l’activité du cerveau pendant que les sujets souffrant d’obésité indiquent leur attirance pour des photos d’aliments. Après l’analyse de ces images, les chercheurs espèrent pouvoir identifier les systèmes de « récompense » en interaction dans notre cerveau et au travers desquels la ghréline affecte les préférences alimentaires.

La Ghréline modifie nos préférences alimentaires La ghréline n’est pas la seule fautive

A l’aide d’un clavier, les sujets notent l’attirance qu’ils éprouvent pour chaque photo d’aliment. Il faut ajouter à cela que les volontaires reçoivent une injection d’eau salée ou de ghréline après le petit-déjeuner et 40 mn avant de regarder les photos, on ne leu dit pas ce que contiennent ces injections. Le Dr Tony Goldstone a pu constater que l’attirance vers les aliments faibles en calories ne différait pas tellement entre chaque visite. Par contre, les aliments hypercaloriques étaient aussi attirants que ceux hypocaloriques lorsque le sujet avait avalé un petit-déjeuner et reçu Ainsi l’hormone de la faim ou ghréline fut-elle déclarée coupable… mais il se pourrait qu’elle ne soit pas seule dans cette sombre affaire car même si dans un futur proche, on peut imaginer des médicaments contre l’obésité à base de molécules bloquant l’action de la ghréline, il ne faut pas oublier que les comportements alimentaires sont aussi de grands fautifs, et dépendent très souvent de facteurs culturels ou environnementaux : on mange parfois pour oublier ses chagrins et pas forcément parce qu’on a faim.