Chirurgie de l’obésité : la « sleeve gastrectomie », l’opération de la dernière chance

Lorsque les kilos surnuméraires sont installés depuis trop longtemps, que les régimes ne fonctionnent plus de manière durable, que vous ne reconnaissez plus votre reflet dans le miroir, et que votre obésité met votre santé et votre espérance de vie en péril, il ne reste parfois qu’une seule solution : la chirurgie dite « bariatrique ». 

Prudence toutefois : la chirurgie bariatrique n’est pas une baguette magique de la perte de poids ! Des conditions et critères spécifiques encadrent ces méthodes bien que peu invasives.

Quelle est la méthode la plus pratiquée en Nouvelle-Calédonie ? Quels sont les risques ? À qui ces interventions sont-elles destinées ?
Le point sur ces techniques, de l’anneau gastrique à la sleeve, en passant par le by-pass, présenté par le Dr Philippe Leger.

On considère aujourd’hui que l’obésité est une  épidémie mondiale.

On la définit par un index de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 Kg par mètre carré. Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici est l’obésité sévère avec un IMC supérieur à 35 et l’obésité morbide avec un IMC supérieur à 40 (plus de 103 Kg pour 1m 60 et plus de 130 Kg pour 1m 80).

La Nouvelle-Calédonie, deuxième place mondiale de l’Obésité

Selon l’agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie, le territoire compte plus de 50 % de personnes en surpoids et plus de 27 % d’obèses, juste derrière les Etats-Unis qui occupent la première place de ce triste palmarès avec 30 % de personnes obèses, puis viennent la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui en comptent 21 %. Dans la communauté wallisienne, on a recensé plus de 60 % de personnes obèses suivies par les mélanésiens avec 40 %, les calédoniens avec 20 % et les métropolitains avec 10 %. Actuellement on estime la population obèse en Nouvelle-Calédonie à plus de 50 000 patients.

Dans une société où la minceur fait référence, l’obésité pose problème sur un plan psychologique mais aussi sur un plan physiologique avec l’apparition de complications médicales majeures : diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, goutte, apnée du sommeil, douleurs ostéoarticulaires invalidantes, stéatose hépatique, infertilité, insuffisance rénale, cancer dans plus de 50 % des cas… la liste est malheureusement bien longue. La gravité et la fréquence de ces pathologies qui sont directement liées à l’importance de l’état d’obésité, ruinent la qualité  mais aussi l’espérance de vie. Sur un plan économique, l’intérêt d’opérer une personne obèse hypertendue, diabétique et présentant une apnée du sommeil appareillée n’est plus à démontrer : ceci étant une réflexion purement « comptable », il faut cependant revendiquer le droit d’améliorer la qualité de vie du patient obèse par des moyens chirurgicaux.

La chirurgie bariatrique, seul traitement efficace à long terme de l’obésité morbide

Nous savons depuis 1991, date à laquelle l’institut national de santé américaine a publié une étude échelonnée sur plus de 10 ans avec un panel de plus de 1 000 patients, que l’obésité morbide ne peut être traitée de manière efficace et durable que par la chirurgie.

Nous avons mis en place dès 2008, et sous contrôle de personnalités reconnues par la haute autorité de santé en métropole, un groupe médical et paramédical multidisciplinaire qui s’est donné les moyens d’œuvrer en faveur de pratiques chirurgicales et médicales afin de combattre le fléau de l’obésité sur le territoire.

Plus de 500 patients opérés en Nouvelle-Calédonie

Depuis 2008 jusqu’à aujourd’hui, nous avons pris en charge 500 patients avec intervention chirurgicale de « sleeve gastrectomie » : cette méthode a été adoptée pour quasiment l’ensemble des patients. L’ « anneau gastrique » n’a pas été retenu bien qu’il s’agisse d’une technique peu agressive mais qualifiée de réversible, car plus de 50 % des patients ne respectent pas les consignes diététiques, ce qui entraîne des complications et le retrait de l’ « anneau gastrique ».

La technique de « court-circuit gastrique » n’a pas été retenue non plus, jugée trop invasive avec de nombreuses reprises opératoires et une mortalité de 1 à 2 % même si c’est une technique plus efficace sur la perte de poids, cela demande un suivi très important et une supplémentation poly-vitaminée majeure. Au final, nous réalisons la « sleeve gastrectomie » depuis 2008, qui est une technique chirurgicale peu agressive entre des mains d’expert, efficace et très bien tolérée par le patient.

En effet, le patient « sleevé » a rarement faim grâce à la diminution de l’hormone de la faim sécrétée auparavant dans son estomac réséqué, il a aussi une satiété précoce du fait d’un réservoir alimentaire moins important avec conservation de la petite courbure portant les nerfs de la  satiété. Toutefois, il existe bien un risque de carence en vitamine B mais qui est bien supplémenté par un complexe poly-vitaminé de type B fabriqué aux Etats-Unis pour les « sleeve ».

Plus de 70 % de rémission du diabète

Les résultats chirurgicaux de notre équipe sont équivalents aux centres de l’obésité confirmée, à savoir une mortalité inférieure à 5 % et une morbidité comprise entre 2 et 4 %. Les résultats en termes de perte de poids sont également intéressants à comparer  une perte moyenne d’excès de poids à 60 % et un index de masse corporelle moyen de 48 préopératoires ramené à 34 en moyenne. Concernant la rémission des complications associées à l’obésité, nous avons constaté : une rémission de plus de 70 % du diabète et de l’apnée du sommeil, plus de 60 % de l’hypertension artérielle et de l’hypercholestérolémie et le magaZine du centre de l’obésité & du surpoids de Nouvelle-Calédonie  plus de 65 % des troubles locomoteur.

Finalement, le traitement médico- chirurgical de l’obésité morbide ne serait pas complet si la chirurgie de reconstruction n’avait pas lieu et c’est dans cette optique que la CAFAT prend en charge la plupart des reconstructions plastiques des patients.

Un centre expert à la Clinique baie des citrons Cette prise en charge chirurgicale ne peut exister sans une préparation et un suivi multidisciplinaires (médical et paramédical) à vie. Aussi pour faire face à une demande sans cesse croissante et au vu des résultats très encourageants, nous avons créé depuis un an, un centre spécialisé de l’obésité et du surpoids appelé le C.S.O.S. associant des techniques et des compétences d’éducation sportive (tonification musculaire, amélioration des capacités cardio-vasculaires), de psychothérapie et de consultations pour un soutien psychologique individuel ou en groupe, et des ateliers nutritionnels avec diététicienne et conseillère en micro-nutrition. Cette équipe spécialisée travaille en collaboration étroite pour assurer la transition avec la nouvelle alimentation, la nouvelle vie et le nouveau corps du patient après l’opération.